3 HOMMES, 3 MOIS, 3 GLISSES et un chien POUR UNE TRAVERSEE DES ALPES
AU JOUR LE JOUR :
TROISIEME (ET DEBUT DE QUATRIEME) SEMAINE
Lundi 16 février : HEILLIGENBLUT (1288m) – HOFFMAN HUTT
Encore une belle bavante à venir, 10 km de route enneigée à la réputation assez avalancheuse… Heureusement, c'est exposé au sud. Il y a donc peu de neige et elle est transformée.
Il est environ 15 h quand nous arrivons tous 3 (Pierrot et Rémi sont repartis ce matin) à la Franz Joseph Haus, grosse structure hôtelière qui domine l'immense glacier du Grossglockner. Tout est désert. Un escalier permet de gagner 200 m plus bas le glacier, bien raide. Il ne faut pas rater une marche !
De là, une erreur d'itinéraire nous oblige à redescendre de nouveau pour aller piquer dans la pente à l'aplomb du refuge au lieu de la traversée ascendante entamée précédemment. Il nous faut beaucoup de temps pour remonter les 300 m jusqu'à la Hoffman Hütte. La neige est d'une stabilité douteuse. Au deux-tiers du parcours, nous enjambons une large fissure qui cisaille une bonne partie de la pente. Pas cool ! Pour ma part je finis en crampons dans une neige dure en longeant une petite arrête rocheuse. Il fait presque nuit, et nous avons bien le stress. C'est instable et raide… C'est à la frontale que nous trouverons l'ouverture du refuge !
SEB
Mardi 17 février : HOFFMAN HÜTTE – RUDOLF HÜTTE à ski
Grand beau au réveil ! Les pentes que nous avons à parcourir sont proches du risque zéro, et le décor des vastes étendues glacières du Grossglockner est supra beau. Du coup nous sommes bien détendus ! Cela dit nous savons que pour basculer sur la Rudolf Hütte, les pentes qui partent du col Ödenminkelscharte à 3 228 m sont raides et engagées, avec un itinéraire scabreux.
Et lorsque après avoir traversé nos longs plateaux glacières, nous arrivons au col, gloups ! Ce n'est pas gagné : nous devinons très mal l'itinéraire, il y a beaucoup de cailloux et de barres... Nous prospectons, j'ai le stress qui monte. Le soleil cogne et il faut décoller vite ! Nous partons alors sur la droite pour éviter les cailloux.
Nous nous préparons, l'estomac noué. Je suis le fusible ! Je pars. Un grand virage dans la partie raide, puis une longue traversée sous les barres pleine pente à mach 2 pour rejoindre un promontoire de neige. Ouf ! C'est passé… Stup, Bood's et Dav me rejoignent : une bonne chose de faite. Encore une pente délicate et nous serons tranquilles. C'est Bood's qui ouvre le bal, et nous le rejoignons avec Dav.
La suite est nettement plus cool. La neige est poudreuse sur 30 cm. Je trouve une super combe, et je lui règle son compte en trois courbes. Cette planche est une fusée ; merci Swellpanik ! Nous nous régalons tous bien, même si ça accroche les rochers parfois.
La fin du glacier manque de pente et Stup brasse à toc : Bood's lui prend ses sacoches et je prends le chien sur mes épaules en plus du sac. Nous descendons la suite du glacier ensemble, en immenses courbes de long en large. La truffe et les oreilles au vent, il ne bouge pas. Nous sommes à bonne vitesse, c'est du bonheur !!! Pur et simple.
Nous remettons les peaux pour remonter les 300 m qui nous séparent de la Rudolf Hütte et nous remercions Dav de faire la trace. Du refuge, nous voyons notre itinéraire : ça ne fait pas rire !
SEB
Mercredi 18 au mardi 24 février : RUDOLF HÜTTE – Tempête. Bloqués au refuge.
Pour tous ces jours-ci, ce sera un long résumé, puisque les jours se suivent et se ressemblent.
Bloqués depuis une semaine à la Rudolf Hütte, nous attendons avec impatience des conditions favorables à l'avancée du raid.
Depuis la fenêtre du dortoir, nous ne voyons que tempête, vent à plus de 100 km/h, neige. Impossible de rejoindre le col, 800 m au-dessus de nous.
Alors nous attendons. La journée est rythmée par les repas, principale occupation de nos ventres affamés. Le refuge-hôtel est équipé top montagne : mur d'escalade, pan, ping-pong, bar, restaurant… Nous remplissons donc nos journées par des lessives sommaires, de la lecture, de l'écriture, des jeux, des séances d'escalade, de cascade de glace (il y en a plein autour) et bien-sûr des randos pour garder la forme (hôtel – bas de la station : 900 m de dénivelé, une ou deux fois par jour).
Le réapprovisionnement en nourriture se fait à Ruttendorf, petit village à 20 km du bas de la station.
Demain, peut-être du beau temps. Ça tombe bien : après les 60 cm de neige fraîche d'aujourd'hui, nous allons faire de belles images. L'attente aura été longue, et puis nous en avons marre de déneiger les issues de secours pour payer notre nuit. En plus Seb a trouvé une guitare, il n'arrête plus de jouer. Il est temps d'en baver de nouveau !
La semaine prochaine devrait nous apporter des bonnes aventures : nous attaquons les gigantesques glaciers du Grossvenedigger.
BOOD'S |